Chorégraphier une pièce de Shakespeare n'est pas une mince gageure lorsqu'il s'agit comme ici d'une comédie, la tragédie se révélant plus facile pour cet exercice, comme le prouve « Roméo et Juliette ». Pour rendre le texte comique, Cranko a choisi une chorégraphie inventive, où les pas et les mouvements se substituent à la parole. Cette chorégraphie devient un véritable défi pour les danseurs qui doivent exprimer avec leurs corps ce que le dramaturge exprime avec des mots. Tout repose sur le rythme et l'interactivité.
Notre ballet était-il en mesure de relever ce défi ? La réponse de Jane Bourne est claire : les danseurs font preuve d'une excellente discipline, ils comprennent et mémorisent vite. Autant d'atouts précieux pour ce genre de pièce, où les difficultés sont nombreuses, en particulier pour le rôle de Petruccio (le plus souvent en état d'ivresse !!), et ses pas de deux avec Catarina. Ces deux rôles seront dansés en alternance par les solistes du Ballet de Stuttgart et par María Gutiérrez et Breno Bittencourt. Nos deux danseurs ont su, à l'évidence se couler parfaitement dans la chorégraphie de Cranko, pour inhabituels que soient ces personnages pour eux. Et quand on évoque la vision que l'on a d'eux en Giselle et Albrecht, Jane Bourne répond, dans un éclat de rire, qu'elle ne peut en aucun cas les imaginer en Willis éthérée ou Prince éploré. Ce qui nous prouve, si besoin en était, que nos danseurs, grâce au travail acharné qui caractérise la direction de Nanette Glushak, sont à l'aise dans tous les répertoires.
Cette production du Ballet National de Norvège sera donnée les 30 novembre, 1 er , 2 et 3 décembre à 20h30, e les 3et 4 décembre à 15h.
Annie RODRIGUEZ