: Quelle est votre vision de « Carmen » ?
D.B. : Ma « Carmen » s'inspire de Mérimée et de Bizet, avec pour thèmes : la fatalité, la passion et ce désir de liberté qu'aucun des deux protagonistes ne veut sacrifier. Carmen est une cavale, une nature libre qui n'accepte aucune chaîne, aucune contrainte, qui n'obéit qu'à son désir. Elle obsède Don José et lui fait peur à la fois. Il voudrait plonger dans cette passion pour échapper à la routine, mais ça lui est impossible.
: De Bizet, vous avez conservé Micaela et Escamillo.
: Micaela est la routine à laquelle veut échapper Don José ; pourtant sa force c'est son amour, sa douceur et sa certitude d'être la femme qu'il faut à Don José, car la soumission ne l'effraie pas. Pour bien marquer cette dissemblance entre les deux femmes, je fais danser Micaela pieds nus, alors que Carmen est le plus souvent sur pointes.
: Acérées comme des banderilles ?
D.B. : Voilà ! Quant à Escamillo, il est pour moi le taureau, symbole de fertilité et de puissance, celui qui mène la bacchanale, celui qui peut répondre au désir de Carmen. Le pas de deux qui les réunit est à l'image de cette passion qui anime et tuera Carmen.
: Comment naît un ballet ?
D.B . : Mon point de départ est soit une musique pour un ballet néo-classique, soit un texte littéraire comme ici. Pour Carmen, la musique de Bizet s'imposait, mais j'en ai utilisé d'autres, comme les tambours du Bronx par exemple.
: Que pensez-vous de la compagnie ?
D.B . : Je n'avais pas de doutes avant d'arriver, et je n'ai pas été déçu. Les danseurs font preuve d'un très grand professionnalisme, ils sont ouverts à tout type de chorégraphie. Leur polyvalence en fait un magnifique instrument. Les solistes sont merveilleux ! Ce devrait être un beau spectacle !
Rendez-vous donc les 10, 11 et 12 mars, au Théâtre du Capitole.
Propos recueillis par Annie RODRIGUEZ