La distribution est, évidemment, à l’image des moyens de cette salle. Colossale ! Il faut tous les citer, du couple Zerlina/Masetto, merveilleusement poétique et attachant, interprété avec bonheur par Hei-Kyung Hong et John Relyea, au sismique Commandeur de Sergei Koptchak, sans oublier bien sûr Paul Groves, Ottavio au phrasé superbe, à l’émission d’une exemplaire souplesse et à la musicalité renversante, mais aussi Ferruccio Furlanetto, Leporello au timbre charnu (même si le grave fait parfois défaut…), Solveig Kringelborn, Elvira pathétique de renoncement et de soumission, dont l’habileté vocale lui permet de franchir quelques passages délicats dans l’aigu, enfin Bryn Terfel, le Don de cette production, tout d’une pièce, vulgaire et violent à souhait, à l’image des hommes de pouvoir, quelque peu en difficulté rythmique dans l’air du Champagne, domine par ailleurs un rôle qui ne pose en vérité aucun problèmes vocaux à ses interprètes.
Mais une artiste plane littéralement au dessus de ce plateau déjà relevé, c’est la Donna Anna de Renée Fleming. Alors au faîte de sa carrière et de sa forme vocale, elle était une Anna idéale d’engagement dramatique et de perfection vocale. Dire que le public new-yorkais lui réserva une véritable ovation tient de l’euphémisme.
Dans la fosse, l’immuable James Levine dirigeait de la façon la plus romantique possible les phalanges du MET, se laissant aller parfois à quelques lourdeurs que l’on peut regretter.
Un dernier point, la prise de vue et les éclairages font de cette captation en direct un témoignage quasiment cinématographique. Superbe !
Robert Pénavayre
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