Le pianiste norvégien Leif Ove Andsnes se charge ici aussi bien de la partie soliste que de la direction de l’orchestre, l’excellent Norwegian Chamber Orchestra. La réputation de ce grand musicien, aussi discret qu’artiste profond et authentique, n’est certes plus à faire. On découvre pourtant ici une facette supplémentaire de son immense talent. Dans les deux concertos qu’il joue et dirige, les n° 17 et 20, la fusion entre le piano et l’orchestre atteint une perfection, une complémentarité, une complicité rarement entendues. Sans prétendre imiter le pianoforte sur lequel Mozart jouait ces œuvres, Andsnes possède un toucher d’une beauté simple, naturelle et riche à la fois. Chaque tempo apparait comme idéal, ses nuances sonnent avec une vérité qui émeut. Son orchestre a manifestement assimilé et digéré la « révolution baroqueuse » : peu de vibrato, articulation soignée et légèreté des phrasés. Suivant une tradition bien établie à l’époque devenue une originalité bien légitime aujourd’hui, le soliste soutient de son piano les tutti de l’orchestre. Ainsi interprétés, ces deux concertos rayonnent, comme illuminés de l’intérieur. Souhaitons vivement une suite à cette magnifique incursion.
Serge Chauzy
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